« Avec le sourire de l’amitié » : représentations d’apprivoisement et démonstrations d’amitié pour l’enfant sauvage au 18e siècle.
Résumé
Au 18e siècle on voit l’émergence d’un sous-genre littéraire et scientifique autour de l’enfant sauvage ; figure abandonnée à la nature et nécessitant la réintégration en société. Malgré sa représentation souvent monstrueuse et bestiale dans les récits, on y trouve parfois des démonstrations d’amitié. La capacité à créer des liens avec des êtres humains, à montrer des affections, est-elle une qualité naturelle ? Démontre-t-elle une socialisation inscrite dans la nature ? Cet article traite surtout sur le cas de Victor de l’Aveyron, dans lequel la présence d’une certaine amitié est la plus prononcée, pour explorer la signification de ces démonstrations ainsi que les diverses représentations de cette amitié. En outre, d’autres récits tels que L’Histoire d’une jeune fille sauvage (1755, attribué à de la Condamine) et Hyppolite, ou l’enfant sauvage (1803, auteur anonyme) sont abordés. Alors que l’entente entre Itard et Victor, telle qu’elle fut représentée dans les mémoires, reprend l’amitié filiale, ou naturelle et fut insérée dans le cadre de l’éducation, le rapport entre la société et Marie-Angélique semble au contraire être représenté sous le signe de l’apprivoisement. Les expériences méthodiques d’Itard et sa volonté de « ramener » Victor à l’humanité s’apparentent à un dressage ; néanmoins, le mot même d’« apprivoiser » est un terme récurrent dans les récits portant sur la jeune fille sauvage. Amitié et apprivoisement ont partie liée pour décrire des relations inégales et vouées à la rupture.
Pour approcher les enfants sauvages et les habituer à la société humaine, les personnages adultes utilisent l’amitié ; c’est dans ce cadre que se construit alors l’identité du personnage de l’enfant, élaborée par la narration de ses relations à l’autre et de la création des liens. Ces relations avec d’autres hommes et femmes, ainsi que le sentiment de dépendance qui en dérive sont présentés comme les étapes d’un procès d’humanisation.
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